La niche de l’hôtel de ville de Rennes reste vide. Deux oeuvres successives l’ont pourtant occupées. La première la statue de Louis XV entre la Bretagne et la déesse de la santé fut détruite à la Révolution et enfin la seconde, l’Union de la Bretagne à la France, oeuvre de Jean Boucher, partiellement détruite le 7 août 1932.
Rennes devient un grand pôle universitaire, en 1911 avec notamment l’inauguration de nouveaux établissements scolaires et universitaires.
C’est dans ce cadre qu’en 1909, le Conseil municipal de la ville de Rennes, présidé par Jean Janvier décide et vote la commande d’un nouveau monument pour la niche de l’hôtel de ville.
En effet, Rennes souhaitait rendre hommage à Anne de Bretagne dont le mariage avait scellé définitivement le sort de la Bretagne à celui du royaume de France. Jean Boucher alors jeune sculpteur maintes fois récompensé, obtient la commande de ce nouveau monument.
En 1909, une convention est passée entre l’artiste et la Ville de Rennes et fixe le temps de réalisation à deux ans et demi. Les exigences outre le thème sont précises : le monument doit avoir pour thème principal l’accueil de la Bretagne par la France.
Le Conseil municipal demande à ce que deux grandes figures représentent l’une, la France, et l’autre la Bretagne, qu’un grand guerrier du XVI siècle rappelle l’époque et que cinq figures représentent les cinq principales régions bretonnes. Il insiste aussi sur le fait que le thème de l’accueil soit personnifié par le mariage entre deux « pays ».
Se pliant aux exigences Jean Boucher a souhaité réunir en une scène les grands moments qui ont marqué le passé de la Bretagne.
La scène traduite en bronze par l’artiste montre Anne de Bretagne devant Charles VIII, ce dernier l’étreint avec solennité entouré de quinze personnes.
En 1911, le monument est accueilli avec satisfaction. Le programme des fêtes du 28 et 29 octobre annonce des grands cortèges historiques organisés à l’occasion de l’inauguration des nouveaux palais universitaires et du monument.
Pourquoi en 1932, le monument fut l’objet de cet attentat ?
La réponse réside dans deux faits : célébrer à Rennes une union contestée par certains et, dans la conception du groupe, l’attitude jugée humiliante de la duchesse Anne de Bretagne agenouillée devant le roi de France. Ses deux faits se conjuguent pour tenter d’expliquer l’acte de vandalisme des activistes bretons qui n’ont admis en 1932 ni la célébration, ni la composition.
Pourtant Jean Boucher s’affirme bien avant ces événements être « un patriote breton », il participe et préside des associations de bretons et rejoint en 1913 Yves Le Fèbvre lorsqu’il lance son appel pour la Pensée Bretonne aux côtés de L.Nicot et René Quillivic, J.J.Lemordant et A.Dayot.
Dans le Fureteur breton , avril-mai 1910, pp.121-123, des journalistes vont à la rencontre de Jean Boucher dans son atelier rue Daguerre et lui communique dès cette date les émois du monde bretonnant. Jean Boucher déclare alors : « C’est absurde ! L’accusation de vouloir « porter atteinte à la dignité de la Bretagne » ne tient pas debout. Breton moi-même, Breton fier de mes origines, et plein de confiance dans les destinées artistiques d’une province à laquelle j’ai prouvé mon attachement, comment pourrais-je de gaîté de coeur humilier la Bretagne ? Certes, il y aurait motif à révolte si pareil dessein avait pu envahir mon esprit, guider mon ébauchoir. […] »
Jean boucher ne changea pas sa composition et le monument fut la cible d’un attentat le 7 août 1932. Surprise et colère voire indignation caractérisent les réactions des rennais qui défilent devant les vestiges du monument.
Certains de ces fragments ont été replacés et conservés dans différents sites :
La tête de paysanne rennaise, et une étude de la tête de la duchesse Anne Bretagne sont placées dans le parc de la Chalotais et sur le mail Bourgchevreuil à Cesson-Sévigné et enfin une tête de marin coiffé d’un suroît, dépôt du musée d’art moderne de la ville de Paris est conservée square Jean Boucher.
Le musée des beaux-arts de Rennes conserve la tête de vieille bretonne.
La mairie de Barentin conserve sept bustes émanant du monument, tête de Jean Janvier, tête de breton, tête d’Anne de Bretagne, tête de Charles VIII, tête de Duguesclin, tête de Gaulois, tête de rennaise.
La maternité représentant une femme et son enfant est conservée au Centre médical Rey-Leroux à Liffré.
En 1937, le Conseil municipal décide de reconstruire le monument, Jean Boucher réalise alors différentes maquettes, mais le projet est abandonné, en raison de la mort du sculpteur, et du début de la Seconde Guerre mondiale.
Maquettes pour la reconstruction du monument l’Union de la Bretagne à la France, réalisées après 1937.
Auteur : Jean Boucher
Date de création : 1911
Matière : bronze
Technique : sculpture
Mesures (en cm) :
Hauteur : 4,75 m
Largeur : 4,00 m
Profondeur :
Acquisition :
Date d’entrée :
Etat : Partiellement détruit lors de l’explosion de 1932.
Conservation localisation :
Référence :
Exposition :