Démobilisé comme lieutenant, Jean Boucher est par arrêté du 18 septembre 1919, nommé professeur, chef d’atelier de sculpture à l’Ecole des beaux-arts de Paris, en remplacement de Antonin Mercié décédé en 1916.
La base de son enseignement repose sur la recherche de la vérité et sur la pratique assidue du dessin, conçu comme une discipline à part entière.
Le dessin d’après l’antique et d’après modèle vient renforcer une éducation du regard en se confrontant aux oeuvres des autres artistes.
Jean Boucher conseille à ses élèves : « Aller au musée, dans les bibliothèques, apprendre à voir, regarder non pas tout ce qu’on fait les autres mais comment il l’ont fait. Et ce n’est pas si facile, allez ! » (1).
Cette génération de jeunes artistes, meurtris dès leur plus jeune âge, soit orphelins, soit frappés par la maladie, trouvent une nouvelle famille auprès des artistes et des ateliers. Jusqu’à sa mort, Jean Boucher s’intéresse à ses élèves, à « ses petits », en faisant preuve d’une activité impartiale, et eux se souviennent de son libéralisme généreux (2).
Le « maître-patron » fait intervenir des collègues sculpteurs dans son atelier tels que Brasseur, Niclausse et Despiau.
Il forma des générations d’artistes français tels que : Paul Belmondo (1898-1982), Gilioli (1911-1977) André Greck (1912-1993), Georges Robin (1904-1928), Marcel Le Louet (1906-1989), Francis Pellerin (1915-1998), François Méheut, Duparc, Joffre, Sévérac, Halbout, Jonchère, Lerey, Le Bozec, Dupary etc…
Beaucoup d’entre eux connurent les honneurs. Fréquemment Prix de Rome, nommés à leur tour professeurs à l’Ecole nationale des beaux-arts, puis souvent membre de l’Institut. Artistes classiques, ils se trouvèrent face à la difficile gageure de concilier tradition et modernité. Certains cherchèrent à donner une suite à la figuration des années trente, demeurant fidèles à cette conception. D’autres se tournèrent vers leur propre sensibilité, vers l’expressionnisme, vers l’abstraction.
Jean Boucher fut également le professeur de Liu Kaiqu 刘 开 渠 (né en 1904 et décédé le 25 juin 1993), futur fondateur de la sculpture moderne chinoise.
Le sculpteur Liu Kaiqu, élève de Jean Boucher à l’Ecole des beaux-arts de Paris de 1928 à 1933, a eu une influence majeure dans l’histoire de la sculpture moderne en Chine au XXème siècle.
Sa carrière d’artiste et son engagement au développement de la culture et de l’éducation artistique en Chine ont valu à Liu Kaiqu d’être nommé, en 1963, directeur du Musée national d’art de Chine.
Créée en 2011 en hommage au maître, la biennale « Liu Kaiqu Award » est le plus grand forum international de sculpture contemporaine en Chine. Situé à Wuhu dans la province de l’Anhui – lieu de naissance de Liu Kaiqu – le parc s’étend sur 21 000 hectares et expose les plus grands sculpteurs chinois et internationaux.
A partir de 1936, Jean Boucher donnera des cours à l’Académie Colarossi.
En 1815, sur l’Île de la Cité, le père Suisse crée une académie fréquentée par les jeunes artistes. Vendue, elle est achetée par Colarossi, un modèle italien, lequel la transplante, après 1870, à Montparnasse, 10 rue de la Grande Chaumière.
L’académie qui était en réalité un atelier libre a été fréquentée par Cézanne, Monfreid et par Schuffenecker qui y amena Gauguin.
(1) Paul Belmondo, La sculpture sereine, Editions d’art, Somogy,1997.
(2) A.H. MARTINIE, La Sculpture, Paris 1928.