Jean Boucher s’est exercé à plusieurs techniques allant jusqu’à travailler la faïence auprès de Raoul Lachenal (1885-1956) propriétaire d’une fabrique de porcelaine de grand feu à Boulogne- sur-Seine. Essentiellement modeleur, il a continué une tradition ancienne en faisant appel à ses élèves devenus praticiens afin de traduire ses terres en matériaux durables. Notamment en bronze, en utilisant la technique de la cire-perdue.
Au XIXème siècle, plusieurs maisons spécialisées dans la fonderie d’art apparurent. Ces industries prenaient en charge la réalisation de la fonte depuis l’exécution du moule jusqu’au patinage et au cirage. Jean Boucher comme Rodin et Bourdelle, fit appel aux célèbres fondeurs Masselet, Rudier et Valsuani, travaillant tous à la cire-perdue. Cette technique, utilisée pour des pièces de petite taille, est présentée, ici, en dix étapes.
Elle consiste à verser le métal en fusion dans une cavité ménagée entre les parois internes d’un moule (dont la forme reprend celle du modèle à reproduire) et d’un noyau disposé au centre du moule ; la pièce ainsi réalisée est creuse et ses parois sont minces.
Les différentes étapes
1) Le sculpteur créé un modèle généralement en plâtre, parfois en bois ou en terre et le transmet à la fonderie d’atelier
2) Après avoir recouvert le modèle d’une couche protectrice, le fondeur en prend l’empreinte afin d’être fidèle à l’oeuvre originale à l’aide d’une membrane souple, rigidifiée.
3) A partir de ce moule on fabrique une première épreuve du modèle en terre réfractaire, qui constituera le noyau de l’oeuvre en bronze. Ce noyau est armé de tiges en fer afin de les maintenir en place dans le moule.
4) La surface du noyau est grattée (tirage d’épaisseur) afin de créer un espace libre entre celui-ci et le premier moule qui sera comblé par la cire, puis ultérieurement par le bronze.
5) La cire fondue est versée dans le moule contenant le noyau de terre réfractaire et remplit l’espace libre. On obtient ainsi une épreuve constituée d’un noyau en terre réfractaire recouvert d’une couche de cire dont l’épaisseur correspond à celle du futur bronze. Cette épreuve est ensuite retouchée à la main. La signature de l’artiste, le numéro de l’épreuve et le cachet de la fonderie sont alors apposés.
6) Création d’un réseau de conduits en cire (alimentation) destinés à l’évacuation de la cire (tires-cire) de l’air (évents) et au cheminement du métal en fusion (jets).
7) Exécution d’un deuxième moule, le moule de coulée par enrobage de l’épreuve en cire de terre réfractaire (chamotte, argile cuite utilisée en céramique). Lorsque celle-ci est sèche le moule est chauffé afin d’évacuer la cire qu’il contient, le noyau étant toujours maintenu en place par des tiges en fer.
8) Le moule de coulée est recouvert d’un manteau extérieur composé de ciment réfractaire et de chamotte.
Le séchage suivi d’une cuisson juste avant la fonte enlève toue trace d’humidité.
9) Le moule est chauffé à haute température avant de recevoir la coulée du bronze en fusion (1200°c) qui remplit l’espace laissé libre par la cire. Lorsque le métal est froid, le moule est cassé et apparaît l’exacte reproduction en bronze du modèle en cire (6)
10) Le réseau des conduits d’alimentation est coupé. Le noyau réfractaire est extrait et l’on procède à la ciselure opération de finition sur la surface du bronze.
Le finisseur ou le ciseleur doit restituer à la pièce brute, par sablage, polissage, soudure et ciselure, l’intégrité du modèle original.
L’oeuvre est terminée, il ne reste plus qu’à réaliser la patine par oxydation de la surface.
La patine est une coloration superficielle du métal à l’aide de différents oxydes déposés sur le bronze chauffé. Cette alchimie repose sur la sensibilité de l’expérience du patineur, du fondeur. La teinte de la patine est définie en concertation avec l’artiste